Tendance home made à Strasbourg
Tendance Entreprise s’intéresse au parcours de Patrick Florentini, créateur de Pôle Couture.
Pendant plus de 10 ans, Patrick est artisan couturier auprès d’une entreprise de prêt-à-porter ; jusqu’au jour où son stagiaire lui fait une remarque pertinente…
« Pôle Couture » est le nom de votre entreprise. Quel est votre univers ?
Le nom « Pôle Couture » n’est pas le fruit du hasard. Dans mon atelier, les gens se rencontrent et échangent autour de la couture. C’est un véritable lieu de vie, d’où le terme « Pôle ».
Je propose des cours de couture tout public que l’on pourrait qualifier de loisirs créatifs, comme la customisation de vêtements anciens ou la réalisation de retouches, des stages de broderie et de patchwork. J’anime également des formations qualifiantes pour les professionnels.
En parallèle, je réalise des vêtements sur mesure pour hommes et femmes (costumes, tailleurs, robes de mariées)
La boucle est bouclée, j’aborde tous les aspects de la couture. Débutants ou initiés, tout le monde trouve sa place sur le pôle.
Mes cours se déroulent en petits groupes de 5 à 6 personnes. J’ai cette volonté de vouloir apporter une attention particulière à chacun des participants, qui vont travailler sur leur propre projet.
Dans mes cours de loisirs créatifs se côtoient des personnes qui apprennent le patronage, d’autres fabriquent leur propre robe de mariée ou transforment leur vêtement. C’est très enrichissant pour tous.
Comment est née l’idée de développer ce projet ?
Il y a tellement à dire ! Pour résumer, tout a commencé lorsque j’étais salarié en tant qu’artisan couturier pour une entreprise. Mon stagiaire est venu me voir « Monsieur, pourquoi ne donnez-vous pas de cours ? » Ce n’était absolument pas mon métier, je suis plus technicien que pédagogue. Il me rétorque « Avec vous, je comprends bien les choses, mais avec ma professeure de couture, j’ai du mal ».
L’idée a fait son chemin et j’ai réalisé que mon expérience terrain m’apportait de réelles compétences pédagogiques. J’ai déposé un dossier au rectorat qui a accepté de me donner une mission de 15 jours en tant que professeur en école de couture. Expérience très difficile, mais très enrichissante ! Je me suis pris au jeu. Le rectorat m’a ensuite proposé une seconde mission de remplacement, pour un an.
Malheureusement, je ne pouvais pas cumuler mes 2 emplois, celui de couturier et celui de professeur en école à temps plein. Je devais faire mon choix. L’envie d’enseigner me taraudait, mais c’est ma fille qui m’a réellement décidé… Un poste d’enseignant me permettait de bénéficier des vacances scolaires pour pouvoir m’occuper d’elle …
À l’issue de cette année d’enseignement, les emplois se sont faire rares, tant dans cette discipline que pour un poste de couturier. J’ai donc décidé de créer ma propre entreprise. Ainsi, je conserve mes compétences terrain et je peaufine ma pédagogie.
Quel a été déclencheur qui vous a fait passer du projet à l’entreprise ?
Le chômage bien sûr ! J’arrivais en fin de droits et je ne voyais aucun poste se présenter, ni dans l’Éducation Nationale ni dans l’artisanat. Mes expériences m’ont mis à l’aise avec les gens et m’ont donné une grande confiance. Je n’ai pas eu peur de me lancer. Et puis, lorsque l’on possède un brevet de maîtrise et que l’on est passionné par son métier, il faut vivre cette aventure.
Avez-vous bénéficié de conseils ou de financements ?
J’ai été accompagné par l’agence Tempo dans la réalisation de mon business plan. J’ai décroché un prêt à taux 0 auprès d’Alsace Active et un prêt OSEO pour ma trésorerie au démarrage. Tempo m’a également conseillé sur le statut juridique approprié, je suis aujourd’hui en entreprise individuelle au régime du réel et non en auto entreprise.
Je dois dire qu’être accompagné facilite grandement la vie. On gagne du temps en recherche d’informations. On peut se consacrer pleinement au terrain comme la recherche du local, des fournisseurs, la stratégie de communication…
Quel conseil donneriez-vous aux entrepreneurs ?
La conjoncture est particulièrement défavorable. Mais si vous êtes en totale adéquation avec votre projet, que vous croyez en sa viabilité, foncez ! Plutôt que de chercher vainement un travail, pourquoi ne pas se donner à fond dans sa passion ?
Par contre, il ne faut pas se mettre des œillères . Passionné oui, mais le projet doit être viable !
Comment envisagez-vous l’avenir ?
Le secteur du prêt-à-porter a encore du mal à fabriquer un vêtement qui tombe parfaitement sur tout le monde. C’est d’ailleurs utopique de croire cela possible. Mes clients viennent pour mes compétences de couture. Ils préfèreront mettre le prix pour un seul costume sur-mesure que dépenser dans plusieurs vêtements mal taillés.
L’aspect « loisirs créatifs » est très populaire. Créer ou customiser ses vêtements entre dans les mœurs, surtout en ces temps de crise, où le budget des ménages diminue et où l’aspect recyclage prend tout son sens. La tendance home made prend véritablement de l’ampleur !
Je n’ai pas de projet de développement précis. Je commence à peine mon activité. Je pense que je vais pouvoir continuer un petit moment sur ma lancée. J’observe et je parle avec ma clientèle pour, encore et toujours, adapter mes cours à leurs envies … Quant à la fiscalité changeante, il faudra serrer le budget et toujours chercher à gagner de nouveaux clients pour y faire face, mais je suis confiant.
Pôle Couture est à Strasbourg. Découvrez toutes ses prestations sur www.pole-couture.com
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Une réflexion sur “Rencontre avec Patrick: le home made version haute couture !”